ROUGE ARGILE, de Virginie Ollagnier

Rouge argile, de Virginie Ollagnier, Liana Levi, 2011, 215 pages, 9.50€, 9782867466489.

Résumé:

La maison familiale au Maroc, lieu de l’enfance et des souvenirs, elle n’y passait plus que des vacances… Rosa l’a quittée il y a vingt ans, pour faire un beau mariage en métropole, au milieu des années cinquante, au moment où l’Histoire a changé la donne. Alors quand Egon, son second père, meurt, ce retour aux sources ne peut être que bouleversant. Chaque objet effleuré, chaque tiroir ouvert, chaque propos échangé avec sa vieille nourrice ou sa volubile marraine, réveille un nouveau fantôme. Face au passé, à ce deuil qui fait écho à d’autres deuils, à la transmission inattendue de secrets de famille, ce sont ses propres choix de vie qu’elle va comprendre peu à peu et remettre en question…

Mon avis:

J'ai lu ce livre dans le cadre d''un groupe de lecture auquel je participe, et qui avait pour thème les souvenirs d'enfance. Une participante a proposé ce titre, et le résumé, mentionnant la vie au Maroc et le secret de famille, a attiré mon attention... Et ce fut une magnifique découverte. Ce livre fera écho aux sentiments de nombreuses femmes, jeunes et mûres, quant aux poids des décisions, à la nécessité de s'affirmer, de faire ses propres choix...

On suit Rosa qui va retourner au Maroc dans sa maison d'enfance pour mettre en ordre ses affaires après le décès de son "deuxième père". Ce retour marqué par l'absence de celui qu'on appelle l'Allemand plongera cette femme dans une réflexion profonde sur ses racines, sa vie et ce qu'elle en a fait, ainsi que sur son avenir. Plongeant dans son passé et dans celui de sa famille, elle ira de découverte en découverte, et avancera dans sa vie de femme, soutenue avec douceur mais fermeté par sa "deuxième" mère qui l'a vue grandir. Le récit est entrecoupé par des réflexions d'Egon, le beau-père mort, comme autant de flash back ou de remarques sur sa vie, ses amours, et sa relation avec Rosa.

Ce sont bien les relations humaines qui sont au coeur de ce roman, à la fois touchant, profond et sensible. Toutes les émotons et tous les sens seront en éveil et c'est pour cela que les mots touchent au coeur le lecteur curieux d'en apprendre plus sur cette famille à l'histoire à la fois banale et extra-ordinaire.

Je ne peux que chaleureusement vous recommander la lecture de ce beau roman qui ne laissera pas son lecteur indifférent !

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Et pour finir, quelques citations, pour le plaisir, parce que ce livre est de ceux dont on note les phrases qui nous touchent :

"L'enfant coupable fabrique ses bêtises dans le silence de la concentration, ma petite Rosa, pas besoin d'être sur le dos de Julie, tu sauras quand il faudra intervenir, et c'est son silence qui te guidera."

"Elles étaient face à face, Sherifa soufflant sur sa tasse et Rosa déchirant les crêpes du bout des doigts. Le silence de Sejâa allait, dans quelques minutes, être bousculé par la première pause des ouvriers agricoles. Alors elles se turent, se sourirent, se regardèrent vieillies. Le rituel, lui, n'avait pas vieilli. Il ramenait Rosa au plus lointain de son histoire, ce lieu où le souvenir le dispute au rêve."

"Comment l'amour et l'étrangeté de Rosa ont inscrit mon nom parmi les vivants. Comment, grâce au regard de Rosa sur la lumière, sur l'immensité du ciel et les parfums du monde, j'ai repris le chemin des hommes."

"Ils rirent de leur complicité retrouvée. -Allez, arrêtons de nous dire la vérité! On s'aime assez pour se mentir, Mehdi."

"Pour s'aimer si longtemps il faut de la joie à être ensemble."

"La honte se transmet, la honte se refile comme un virus, même si tu n'en savais rien, tu le portais."