PAS ASSEZ POUR FAIRE UNE FEMME, de Jeanne Benameur

Pas assez pour faire une femme, de Jeanne Benameur, Thierry Magnier, 2013, 12.80€, 90 pages, 9782364743090.

Résumé:

Elle a 17 ans, le bac en poche, l'université l'attend, la liberté aussi dans sa chambre d'étudiante loin de ses parents. Le premier jour de fac, dans ces années 70 bouillonnantes, un jeune homme prend la parole dans un amphi, son discours est éloquent. Elle ne connaît rien à la politique, mais elle le remarque et le désire immédiatement. Le roman commence dans la chambre de l'homme, la chambre, où elle va devenir une femme amoureuse, épanouie. Avec lui, elle va grandir et elle va aussi tenter d’exorciser les démons de l'enfance qui, jusqu'à présent, l'empêchaient de devenir une femme…

Mon avis:

Ce roman a attiré mon attention pour trois raisons : son titre accrocheur, le bandeau "rentrée littéraire ado" (je l'attendais de pied ferme l'éditeur qui franchirait ce cap!!!) et l'auteur, couronnée du prix RTL/Lire cette année pour son sublime "Profanes". Un texte court, proche de la nouvelle, quasi autobiographique dans son ton et sa sensibilité. Nous suivons Judith pendant quelques mois, durant lesquels elle va découvrir l'amour, le monde, la pensée politique, la philosophie, et bien sûr, qui elle est vraiment. 

Ce roman intimiste, servi par une plume sensible et captivante, présente les réflexions d'une jeune femme prise en tenailles entre la fille qu'elle est, et la femme qu'elle devient. Plus que cette première nuit d'amour et la relation qui suit, c'est bien à la naissance progressive d'une femme, avec ses interrogations nouvelles, mais aussi ses premières grandes certitudes, que nous assistons. Judith prend conscience de son corps en même temps qu'elle découvre le monde et ses réalités. Le parallèle est clair entre l'esprit de liberté qui souffle dans ces années post-68 et celui qui pousse la jeune femme vers un avenir libéré des "chaînes" paternelles. L'émancipation intellectuelle et physique de Judith nous est ainsi présentée sans filtre, sans fard, avec toute la beauté rude de sa sincérité de femme en devenir.

J'ai vraiment aimé ce parcours de vie, mais je pense qu'il plaira aux jeunes filles/femmes de 16 ans minimum, et plus encore à leurs mères. Thierry Magnier prend à nouveau ce "risque" de sous-exposer les très beaux textes de Jeanne Benameur en les étiquetant jeunesse. Alors, public adulte, n'oubliez pas, je ne le redirai jamais assez, de faire un tour au rayon "ado" quand vous entrez dans une librairie; il y a de nombreuses pépites qui vous y attendent !

(Chez le même éditeur, 4 courts romans de Jeanne Benameur ont été récemment publiés dans une compilation intitulée "Vivre c'est risquer". Avis aux amateurs ! )